Relations avec ma mère

De par ma mère protestante luthérienne (de l'est de la France), j'ai eu une éducation plus ouverte, surtout que mon orientation personnelle est plus calviniste, c'est à dire réformé. Encore plus ouverte sur le monde. J'ai donc toujours été plus revendicative sur les problèmes d'inégalité, de justice, de mauvais partage du monde, etc. Je rejoignais en cela les soeurs de ma mère, qui sont elles, très à gauche (trotzkistes). Je me souviens être allée spécialement à Strasbourg en 1997 pour participer à une manifestation contre Le Pen qui voulait alors investir le parlement européen. Mais je dérive et je m'éloigne de ta question...
ah, les protestants sont donc plus ouverts que les catholiques ! j'ai toujours eu une vision très rigoriste du protestantisme... il faut croire qu'elle est fausse...
Le problème, c'est que cela dépend du courant (comme au PS!). J'ai toujours choisi la voie la plus progressiste. Quand j'étais au lycée de Rambouillet, j'allais au moins une fois par semaine à pied, avant de rentrer dans ma campagne, rejoindre un pasteur qui était cloué chez lui par un paralysie totale, et cela au grand dam de ma mère... je passais des heures seule chez lui à discuter théologie et philosophie. Je dois dire que c'est lui qui m'a appris la tolérance et le respect d'autrui. Il m'a fait découvrir la poésie de la Bible, du sens, plutôt que la lettre que les protestants privilégient tant.

Je dois t'avouer que du côté de ma mère, c'est un courant plus rigoriste. Elle est issue d'une famille de ménonites, dont des descendants ont émigré aux USA pour fonder les mouvements pacifistes ménonites ou quaker... Je ne pourrai pas vivre comme eux, mais je les respecte. Ils ont une telle conviction. Je me souviens des obsèques de ma grand mère maternelle en Lorraine en 1997, où je représentait comme d'hab' ma famille et où j'ai été accueillie très fraternellement...

Depuis le décès de mon père, j'ai toujours été attentive à comment vivait ma mère. Je me suis ainsi rendue compte il y à quatre ans qu'elle maigrissait et commençait à délirer, à faire une paranoïa de persécution. Elle se sentait espionnée, ses voisins lui cherchant des ennuis, etc. Cela allait assez loin elle se calfeutrait et se barricadait dans sa maison, et parfois refusait de laisser entrer des personnes étrangères ou même sa femme de ménage. C'est à ce moment là que je suis mise à y passer mes we : je lui faisais ses courses (elle ne sortait plus de chez elle) et surtout lui faisait à manger. Je me suis aperçue plus tard que c'était vraiment les seules journées où elle mangeait, de bon coeur. Elle me faisait croire qu'elle mangeait ce que je lui avais acheté, mais en fait elle jetait tout cela à la poubelle. Quand je demandais à mon frère qui habitait alors à côté de Melun devenir de temps en temps me relayer, il me rétorquait que tout cela était inutile. Qu'elle pouvait bien rester seule chez elle... qu'il ne pourrait jamais faire ce que je faisais, alors que je délaissai ma propre famille. Cela a donc été un sujet de discorde très forte.
Parallèlement à cela , je me dévoilais à ma mère... Je pense qu'elle a dû lui en parler, sans comprendre exactement ce que je vivais et la nature de mon tourment. Je crains qu'elle n'ait eu que la même idée de perversion que lorsque j'étais ado.

sait-elle que ce sont des anomalies qui arrivent pendant la gestation ? s'est-elle interrogée sur sa responsabilité dans cette affaire ? à la réflexion, c'est peut-être un peu tard pour elle de comprendre... et toi ? quelle part de responsabilité tu lui donnes ?
Je pense qu'il est trop tard pour elle de comprendre. Elle m'a encore dit samedi dernier qu'elle ne verrait jamais que son fils Christian. Je ne lui en veux pas; et ne lui fais aucun reproche pour cela. Je ne l'estime aucunement responsable de cette situation. Surtout si cela remonte à un problème d'excès d'hormones féminines..

Ce sujet des mystifications me fascine, je suis étonnée comme les gens sont crédules, et c'est pour cela que je suis une grande sceptique ce qui me vaut souvent des reproches ; ma mère par exemple ne comprend pas pourquoi je doute de tout.

J'avais la même image de la part de mes parents. C'était une source de disputes incessantes ;-)
Surtout que j'en rajoutais sur la crédulité exploitée par les diverses églises... Ma mère ayant viré vers une très forte sympathie pour le catholicisme, cela n'avait que renforcé mon scepticisme. C'est à cette époque que je m'étais mise à lire certains philosophes, plutôt tendance misanthropique...

Qui ça par exemple ? Et tu en es revenu ?

Quand je repense à ma mère qui me vois encore comme une petite fille, je comprends que ce soit pertubant pour ta mère, ta transformation !

Comment prend-elle le fait que tu te montres ainsi à Chantal ? ça s'est passé comment et quand, la première fois ?

Lui as-tu demandé (maintenant que tu sais la réponse) si elle avait jamais eu envie d'avoir une fille ?

Ma mère m'a encore dit ce dernier we, qu'elle ne me verrait toujours que comme son garçon. J'avais pourtant insisté sur l'héritage que j'avais d'elle... dont certains traits. Ma marraine, Annie, qui était venue le 20 décembre dernier , avait ainsi constaté que je ressemblait beaucoup à ma mère. J'avais donc de qui tenir...

Je ne sais pas réellement ce qu'elle pense de cette transformation, et surtout du fait que je me sois affichée ainsi devant mes filles. Je crois que je lui ai toujours dit, avant qu'elle le voie.

Elle m'avait dit il y a quelque temps qu'elle aurait aimé avoir une fille. Elle se serait appelée Isabelle.